Projets 2014-2019
Projets soutenus par la Maison Archéologie et Ethnologie, René-Ginouvès, devenue MSH Mondes
CAFUR
Concurrences et Arrangements Fonciers pour se loger et se nourrir dans les interfaces Urbain/Rural (Mexico-Paris-Addis-Abeba)
Responsable scientifique :
Claire Aragau (UMR 7218 LAVUE)
- Équipe(s) partenaire(s) : Marie Bridonneau (UMR 7218 LAVUE et USR 3137 CFEE) / Alioune Dabo (UMR 7218 LAVUE) / Monique Poulot (UMR 7218 LAVUE) / Ségolène Darly (LADYSS UMR 7533) / Jean-François Valette (UMR 75 33 LADYSS et chercheur associé UMR 8685 PRODIG) + 9 autres partenaires
Bien commun, le foncier est partout l’objet de logiques d’appropriation, individuelles ou collectives, associées à des concurrences fortes. Si des contextes politico-économiques peuvent exacerber ces tensions, certains espaces sont propices à les attiser : ainsi en est-il de l’interface urbain-rural dans les périphéries urbaines, paysages des délaissés que l’expression artistique aujourd’hui tente de réhabiliter. Dans ces franges, un même sol tend à devenir pour chaque être humain une ressource aux fonctions plurielles : ressource pour bâtir et se loger, ressource pour cultiver et se nourrir. À partir des aires métropolitaines de Mexico, Addis-Abeba et Paris, nous faisons l’hypothèse (issue de premières recherches collectives) du développement de processus communs pour arbitrer et composer en matière foncière : le contournement des normes (parfois violent) ou des situations d’arrangement sont autant d’expérimentations faisant évoluer les usages, voire la législation. Notre approche, convoquant aussi bien la géographie, l’urbanisme, l’anthropologie que la sociologie, l’agronomie que le droit, et les sciences artistiques, prendra appui sur les pratiques d’acteurs du foncier (de la sphère privée – habitants, agriculteurs – ou de la sphère institutionnelle – développeurs, promoteurs et figures politiques locales). La lecture de ces pratiques permettra de saisir des stratégies de « résistance », qui depuis l’individu reconfigurent les groupes sociaux classiques, et des stratégies de « rattrapage » des autorités face à ces individualités qui s’expriment et s’opposent. Il s’agit alors de décrypter ces montages renouvelés en matière de gouvernance foncière face à la double urgence du logement et de l’approvisionnement alimentaire.
LIMINES
La frontière mouvante entre Hautes Terres et Basses Terres mayas à l’époque classique
Responsable scientifique :
Chloé Andrieu (CNRS, UMR 8096 ArchAm)
- Équipe(s) partenaire(s) : Clarissa Cagnato (UMR 7041 ArScAn) / Sylvie Beyries et Naya Cadalen (UMR 7264 CEPAM) / Solenne Gueyte et Michelle Elliott (UMR 7041 ArScAn) / Perla Divina (UADY, Mexique)
Tout semble montrer que le Nord de l’Alta Verapaz correspond au principal corridor d’échanges économiques entre les Hautes et les Basses Terres mayas à l’époque classique (250-950 ap. J.C). Son occupation prend fin avec les premiers abandons de cités, au début du 9e siècle, et avec un changement de routes d’échanges à la même période. Comprendre et documenter la nature des interactions entre ces deux régions s’avère donc essentiel pour la compréhension, tant de l’économie maya du Classique, que du « collapse » observé à la fin de cette période. Cette région frontière étant un passage obligé entre deux zones culturelles et géographiques si contrastées, son étude est indispensable pour saisir l’ensemble du fonctionnement de cette route, la nature des relations entre Hautes Terres et Basses Terres, les processus d’abandon (collapse) et la redéfinition de la géopolitique maya du Postclassique. Nous proposons donc d’étudier cet espace intermédiaire entre les cités de Cancuen et Raxruha, principales villes maya de la région, en nous attachant à déterminer les phénomènes d’attraction de populations et de formations identitaires autour de deux ressources spécifiques à cette région que sont les grottes et la culture du cacao, au cours du Classique.
MIGRAVILLES
Sur les murs de nos villes : interventions visuelles sur les migrations
Responsable scientifique :
Karen Akoka (UMR 7220 ISP)
- Équipe(s) partenaire(s) Olivier Clochard (CNRS, UMR 7301 Migrinter) / Carolina Kobelinsky, (CNRS, UMR 7186 LESC) / Philippe Rekacewicz (université d’Helsinki, Faculty of social sciences)
Ce projet vise à réduire l’important fossé qui sépare les productions scientifiques sur les politiques et les expériences des migrations et la manière dont ces dernières sont présentées dans le discours politique et médiatique. Notre démarche a pour ambition de développer une réflexion ouverte, pluridisciplinaire et générale sur la capacité des sciences sociales à partager et discuter ses savoirs en matière de migrations avec la société plus large. Le défi de ce travail collectif est d’intégrer pleinement la restitution des résultats de nos enquêtes – des moyens et des outils de valorisation mais également des formes et des modalités de diffusion – au sein de l’activité scientifique. Nous proposons pour cela d’articuler des temps de production scientifique à des temps de réflexion et d’échanges sur la question de la visualisation de manière à pouvoir diffuser les productions réalisées dans l’espace public. Le projet s’appuie sur des collaborations larges entre des chercheurs spécialisés sur les questions de migrations, des artistes et des cartographes. Les productions visuelles et sonores qui émergeront de cette collaboration ont vocation à être ensuite diffusées, dans l’espace public, sur les murs des villes. Une réflexion sur l’ensemble du processus et de l’expérience sera restituée dans le cadre d’une journée d’étude qui sera l’occasion d’une réflexion large sur la question de la représentation des migrations à partir de plusieurs exemples de projets et d’expériences.
Des artefacts au cœur des marges
Des sites préhistoriques aux mobilisations contemporaines : les collecteurs de perles en marge des centres de pouvoir en Asie du Sud-Est (Thaïlande, Birmanie)
Responsable scientifique :
Bérénice Bellina (CNRS, UMR7055 PréTech)
- Équipe(s) partenaire(s) : Annabel Vallard (UMR 8170, Centre Asie du Sud-Est)
Dans le sud de la Thaïlande et de la Birmanie, la découverte fortuite de perles préhistoriques (construction, pillage, etc.) ou leur mise au jour dans le cadre de fouilles scientifiques menées au sein de la mission archéologique française en Thaïlande-Birmanie Péninsulaire, suscite des passions et entraîne des conflits d’ordre mémoriel, patrimonial et identitaire. Ce projet pluridisciplinaire associant archéologue et ethnologue propose de décrire et d’analyser les modalités concrètes de ces antagonismes qui engagent différentes sphères des sociétés thaïlandaises et birmanes, et des spécialistes étrangers. En enquêtant sur les trajectoires des perles, depuis la reconstitution archéologique de leurs réseaux de production (chaîne opératoire technique) et de distribution anciens jusqu’à celle des réseaux contemporains de collecteurs et collectionneurs qui les mobilisent, il s’agit de révéler les enjeux économiques, territoriaux, patrimoniaux et politiques qu’elles cristallisent sur la longue durée. Cette approche comparative à la fois diachronique (période préhistorique vs période contemporaine) et synchronique (Thaïlande vs Birmanie) permet de questionner les marginalités des collecteurs impliqués. Par le passé, les circulations de perles se jouaient en effet entre des populations cosmopolites des ports des basses terres et celles des mangroves des estuaires (nomades marins) et des forêts de l’intérieur des terres (collecteurs-marchands), et de nos jours entre des espaces politiques centraux et périphériques chacun revendiquant leur légitimité sur ces mobilisations d’artefacts préhistoriques. Ce projet s’attache donc à reconstituer les réseaux d’interdépendances qui traversent les paysages politiques et économiques anciens et contemporains.