Séminaire L’Oeil numérique
Présentation générale
Dans le cadre du consortium pictorIA, le séminaire « L’œil numérique », co-animé par Laurence Danguy et Julien Schuh, propose de questionner les implications méthodologiques et théoriques des outils de vision machine dans les sciences humaines et sociales. Ce séminaire, dans la lignée d’une publication collective consacrée à ces questions, explorera les transformations de la culture visuelle contemporaine, les enjeux politiques, sociétaux et épistémologiques de ces technologies, ainsi que leurs effets sur nos méthodes d’analyse et de création dans le domaine de la culture visuelle. L’objectif est de construire une réflexion collective sur les usages des outils de vision numérique. Le séminaire s’articule autour de cinq axes :
Une culture visuelle sous contrôle
Cet axe propose de réfléchir à l’élaboration d’une mémoire collective visuelle à l’ère de l’intelligence artificielle. Les outils de vision numérique, en sélectionnant, classifiant et archivant les images, redéfinissent les cadres de ce qui est visible et accessible. L’objectif est d’explorer les rapports entre les acteurs institutionnels, les grandes plateformes technologiques et les algorithmes, qui façonnent aujourd’hui une culture visuelle globale, et de questionner les logiques de hiérarchisation des contenus visuels. Qui contrôle la visibilité des images, et selon quels critères (politiques, économiques ou culturels)? Cet axe permettra également d’aborder les biais des bases de données visuelles et leurs effets sur la formation d’imaginaires collectifs.
Les machines voient-elles ?
Cet axe s’attache à interroger les capacités de « vision » des machines. En examinant les limites et les biais des technologies de vision numérique, il s’agira de développer un cadre critique permettant d’évaluer la manière dont ces dispositifs reconfigurent ou réinterprètent les contenus visuels. Une collaboration entre chercheurs en esthétique, histoire de l’art et intelligence artificielle permettra d’éclairer les tensions entre interprétation, subjectivité et automatisation dans les usages de ces outils.
Enjeux pour le monde de l’art et de la création
L’IA bouleverse les pratiques artistiques en devenant un outil de création et en révisant les critères de valorisation du monde de l’art. Quels sont les effets sur les imaginaires visuels de la circularité de la création machinique, intervenant sur la base de corpus fermés et biaisés ? Ces outils participent-ils à une accélération d’un système de citations caractéristique de l’art contemporain ? On examinera également les redéfinitions des notions d’artiste ou d’œuvre dans un contexte où les algorithmes participent à la génération des contenus.
Le visible et l’invisible
Cet axe interroge la manière dont les outils de vision numérique redéfinissent les frontières du visible. Ces technologies modifient les canons visuels, élargissent ou restreignent les corpus accessibles. De quelles manières les outils de vision machine influencent-ils les critères de visibilité dans la culture visuelle ? Quel est l’impact de l’automatisation sur les processus d’archivage, de sélection et de mise en avant des contenus, et comment ces transformations redéfinissent-elles notre rapport au visible?
Faits et croyances
Comme d’autres technologies liées à l’IA, les outils de vision numérique génèrent peurs et espoirs, et divisent leurs utilisateurs. Les principales craintes sont celles d’un remplacement de l’homme, du contrôle de la pensée voire des actes, mais aussi de l’impact écologique de ces technologies. Ces craintes sont accompagnées de croyances et de convictions, se transformant parfois en idéologies. Ainsi, contre l’évidence des chiffres bruts, certains défenseurs de l’IA affirment que ces outils contribueraient à un avenir plus écologique ; a contrario, l’idée d’un œil numérique se retrouve dans des cercles couramment qualifiés de complotistes. Cet axe propose de faire un point sur les émotions, les croyances et les idéologies fondant le discours sur la vision numérique et de les confronter à des analyses chiffrées.
Programme 2025
9 avril 2025 – 11h-12h30
Séance 1 – L’histoire de l’art à l’épreuve des intelligences artificielles
Jean-Christophe Carius (INHA) : L’intelligence artificielle des artefacts
Paola Derudas et Federico Nurra: Les machines voient-elles mieux que nous ?