Objets d’étude
Exposition de Claire Artemyz
Mettre en images l’itinéraire scientifique, depuis les premières découvertes lors des fouilles, dans un site connu depuis toujours, jusqu’à leur étude actuelle, à l’aide des méthodes nouvelles de la Science.
Dès des fouilles, une série d’étapes se déroule :
D’abord se poser les bonnes questions à partir d’un faisceau d’observations et avoir de l’intuition pour comprendre qu’il y a là un objet à extraire !
C’est ce que les images les plus abstraites tentent de traduire. Ces images peuvent dérouter, ou au contraire provoquer des associations inattendues et propres à chacun, en vertu de la faculté qu’a notre cerveau de « voir » des formes signifiantes (par exemple dans les nuages). L’imagination convoquée ici répond en écho au travail d’interprétation auquel doivent se livrer les chercheurs pour retracer patiemment et à partir de traces parfois infimes, le mode de subsistance et le mode de vie des hommes et des animaux préhistoriques, ainsi que l’époque. Une fois l’objet découvert, l’historique de la découverte est relayé dans des documents : carnets de croquis, plans des grottes, photographies et récit constituent de précieuses archives.
Aujourd’hui, ces archives sont examinées dans une approche à la fois historiographique et épistémologique. Les conditions optimales de leur conservation sont assurées. Ainsi des questions se posent aux chercheurs d’aujourd’hui : comment a-t-on consigné le récit des fouilles et de leur progression. Comment procédait-on à l’époque ? y a-t-il de grandes différences aujourd’hui ? Peut-on désormais répondre à des questions restées jusque là sans réponse ?
La Préhistoire moderne redevient une science jeune, en s’appuyant sur les technologies nouvelles en cours dans d’autres disciplines et la vie de nos ancêtres nous devient moins inaccessible au fur et à mesure des investigations des chercheurs. C’est tout ce lent, patient et stupéfiant travail de déchiffrage que les photos veulent souligner. L’utilisation de la lumière s’évertue à raconter les zones d’incertitude et la nécessité de recourir à l’interprétation pour trouver du sens, ainsi que la succession des théories, selon « l’état de la science ».
Les photographies sont plus des interprétations de l’objet qu’un témoignage fidèle de son aspect extérieur, comme s’il était possible de se projeter en arrière, à l’époque où vivaient les animaux et les hommes de ce lointain passé et de connaître ainsi leurs sensations, leurs sentiments, leurs rêves et leurs accidents de vie, heureux ou malheureux.
Quelques mots sur l’artiste….
Claire Artemyz est une artiste contemporaine, travaillant de longue date sur le matériau « objets archéologiques », notamment à partir des collections du Musée des Confluences de Lyon, du Musée de l’Homme à Paris, du Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye, du Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel et de l’Institut de Paléontologie Humaine à Paris.C’est à partir d’une interrogation sur la spécificité de l’identité humaine au sein du Vivant que Claire Artemyz a été amenée à explorer l’univers des fossiles et de la Préhistoire. Son choix de la photographie, essentiellement en plans rapprochés et une recherche minutieuse de la lumière, lui permet de révéler lesobjets sous des aspects inédits. Son objectif est de traduire en images les émotions que suscite en nous la confrontation avecles premières traces du Vivant et de la pensée artistique. Cette exploration photographique a été réalisée en 2016 – 2017, au laboratoire UMR 7041 | ArScAn, Ethnologiepréhistorique de l’Université Paris Nanterre, en collaboration avec l’équipe des chercheurs, et a été coordonnée par Mme Nejma Goutas. Elle a été initiée dans le cadre du projet 2ARC« Archives de fouilles d’Arcy-sur-Cure » (coordination N. Goutas, P. Bodu & L. Mevel, équipe Ethnologie Préhistorique, UMR 7041), développé au sein du labex Les passés dans le présent.