L’anthropologie filmée : l’enquête de terrain par le film documentaire
Rencontres cinéma et sciences humaines #4
L’anthropologie filmée : l’enquête de terrain par le film documentaire
Master class avec Christian Lallier (iiAC-LAUM – UMR 8177 CNRS/EHESS) en collaboration avec le projet Anthropôle du Labex Les Passés dans le Présent
Durant cette master class, Christian Lallier présentera son approche théorique et pratique de l’anthropologie filmée. La diffusion d’extraits de son dernier film consacré à la performance artistique, Performers#10 – La fabrique de l’éphémère, sera l’occasion de traiter de la notion de « performance interactionnelle ».
L’anthropologie filmée entretient des liens de parenté avec le documentaire d’observation, notamment en raison de sa forme narrative qui repose sur la compréhension des échanges entre les personnes. Mais, cette méthode s’en distingue par son attachement à l’enquête de terrain, au sens où la construction du film procède de ce qui se joue entre les personnes engagées réellement dans leur action et non d’un scénario ou d’un choix de « personnages ». Pour cela, il convient de s’attacher au travail des relations sociales : autrement dit, en quoi la situation vécue par les personnes met en oeuvre des actions conjointes, voire des actions concertées, qui engagent chacun des acteurs dans des relations de face-à-face selon des cadres d’interactions partagés. Cette approche anthropologique vise à rendre compte des situations humaines ordinaires en tant qu’elles ne vont pas de soi : il s’agit, par exemple, de filmer une banale salutation ou une simple transaction marchande en tant que ce dispositif d’échanges produit un espace politique.
Cette master-class propose d’examiner les modalités de cette pratique de l’enquête de terrain avec une caméra et des micros. On s’intéressera, tout d’abord, à l’état de perception que produit l’acte de filmer : pour cela, on évoquera une disposition phénoménologique visant à développer notre attention aux mondes que l’on observe. On explorera, ensuite, les conditions de la prise de vue et de la prise de son dans une situation dite « réelle », de telle sorte qu’il soit possible de traduire l’engagement des personnes dans une action sous une forme narrative.
Enfin, on se demandera comment produire un savoir par cette approche compréhensive : en quoi cette pratique du film documentaire, y compris sous un format court, donne-t-elle à interpréter une situation sociale par ce que (se) disent les acteurs qui y sont engagés ? Dans cette perspective, on mettra en évidence la notion de « performance interactionnelle » : en d’autres termes, comment une personne met en représentation son engagement dans un échange.
Les Rencontres cinéma et sciences humaines
Placées au carrefour de la création et de la recherche, les Rencontres cinéma et sciences humaines sont ouvertes à tous et entendent renouer avec l’esprit du séminaire Nanterre-Chaillot – animé par Jean Rouch et son équipe pendant plusieurs décennies – afin de former le regard d’étudiants, de chercheurs, de réalisateurs et de curieux.
Ces projections-débats proposent d’échanger autour de projections régulières de films. En présence des réalisateurs et animées par un groupe d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs en études cinématographiques et en sciences humaines, ces rencontres interrogent les enjeux et les représentations du monde contemporain à partir de multiples thématiques abordées sous des formes cinématographiques variées.
Les Rencontres cinéma et sciences humaines sont organisées par les départements d’Arts du spectacle et d’Anthropologie de l’université Paris Nanterre, la Maison Archéologie & Ethnologie, le laboratoire Histoire des Arts et des Représentations (HAR) et le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (LESC).