Interprétations outillées
Cinquième séance du séminaire organisé conjointement par le CSLF et la MSH Mondes “Interprétations artificielles”
La cinquième séance du séminaire “Interprétations artificielles”, organisé conjointement par le CSLF et la MSH Mondes, aura lieu 10 juin 2025, de 14h30 à 17h, en hybride à l’Université Paris Nanterre (bâtiment Ginouvès, salle du conseil, 4e étage) et en visioconférence (lien ci-dessous).
Lien de visioconférence
Séance du séminaire CSLF x MSH Mondes “Interprétations artificielles”: Interprétations outillées (S. Bréan, M. Chamboux, A. Faci, I. Langlet, F. Salhi, J. Schuh, B. Chauvel et P. Baubeau)
10 juin 2025, 14h30
https://cnrs.zoom.us/j/95634279409?pwd=H2PkiztKotuiKmh14eNuDSzwAMkVl9.1
ID de réunion: 956 3427 9409
Code secret: 0pzgqB
Simon Bréan, Marianne Chamboux, Adam Faci, Irène Langlet, Fayçal Salhi et Julien Schuh : Comment se construisent les genres en SF? approches externes et internes outillées
Cette communication en deux temps explorera comment une approche outillée peut renouveler l’analyse des genres littéraires au-delà de la seule approche quantitative. Il s’agira dans un premier temps d’analyser la façon dont le web social (hashtags, listes et commentaires sur les forums et plateformes dédiées à la littérature) redessine les corpus émergents liés au climat (cli-fi, solarpunk, hopepunk). En combinant métriques folksonomiques et analyse de tags en réseau, nous mettrons en évidence la tension entre intentions d’auteurs et attentions de lecteurs qui façonnent les canons contemporains. Dans un second temps, nous proposerons de modéliser l’acte de lecture « dans le genre » en faisant dialoguer plusieurs agents IA dotés de mémoires évolutives ; entraînés sur des corpus différents, ces agents négocient collectivement leurs définitions génériques, ce qui permet d’observer la circulation et la transformation des cadres interprétatifs. Ces deux expériences articulent observation empirique des pratiques d’étiquetage et simulation de lectures agentives pour tester, affiner et bousculer les théories littéraires du genre et la formation dynamique des canons.
Brian Chauvel et Patrice Baubeau : Quantification, convention, opinion sur l’inflation : séries statistiques et espaces sémantiques dans la presse
L’histoire quantitative a été critiquée pour imposer une lecture « par en haut » tout en limitant l’exercice de réflexivité critique à l’égard de ses propres catégories, nécessaires à tout exercice d’agrégation. De son côté, l’accent mis sur des acteurs situés peut non seulement aboutir à une segmentation excessive du savoir en autant d’isolats que d’expériences, mais déboucher sur des paradoxes liés à la difficulté à comprendre les expressions et les concepts dans leur contexte d’énonciation ou à tenir compte de leur évolution. Cette tension entre, et au sein, des pôles expérimental et historique des sciences sociales se retrouve notamment dans les questions soulevées par la perception et la mesure de l’inflation – ce que l’actualité récente a également illustré. Du côté expérimental, il existe un double problème de construction des données et de continuité des séries statistiques, bien illustré par la question de la mesure de l’inflation pendant la 2e Guerre mondiale. Du côté historique, la question consiste à identifier correctement les “espaces sémantiques” associés à ce que nous nommons, aujourd’hui “inflation”, à la fois pour éviter les anachronismes, mais aussi pour mieux percevoir le caractère labile des conceptions et des débats. Observer l’évolution des termes de l’espace sémantique associés à notre concept d’inflation oblige ainsi à une démarche prudente, et mène à la découverte d’associations thématiques qui ne figurent plus forcément dans notre répertoire contemporain. Cela soulève également la question de la capacité à envisager une forme de stabilité structurelle de l’opinion à travers la quantité de périodiques publiés et à faire de cette opinion restituée, par le truchement d’un quasi-sondage, une instance régulatrice de l’évolution des notions économiques mobilisées dans le champ politique.
Le projet Isoco (Indices sociaux-économiques de l’opinion, projet financé par le Ministère de la Culture) a pour objectif de constituer et suivre des indices d’opinion relatifs à l’économie, à la monnaie et à la finance, à partir de la presse numérisée, entre 1880 et 1940, en s’interrogeant sur la notion d’opinion, d’actualité, le rôle qu’y joue la presse, les travaux actuels de mesure de l’opinion, les « narrative economics » et l’usage par les historien·nes des masses de documents numérisés et océrisés.