L’histoire de l’art à l’épreuve des intelligences artificielles
Première séance du séminaire Séminaire PictorIA « L’oeil numérique » co-animé par Laurence Danguy et Julien Schuh
En présentiel sur le campus de l’Université Paris Nanterre, bâtiment Weber, salle de séminaire 1, rdc et et à distance par lien Zoom.
Lien de visioconférence: https://cnrs.zoom.us/j/95257146793?pwd=DT6wEggHzSEymyNkPpTp8Iz4o4VbgX.1
Jean-Christophe Carius (INHA) : L’intelligence artificielle des artefacts
Cette intervention propose d’explorer quelques points de rencontre entre l’histoire de l’art et les intelligences artificielles. Si l’histoire de l’art cherche à rendre les artefacts intelligibles, peut-elle non seulement tirer parti des réseaux de neurones, mais aussi les interroger en tant qu’objets culturels et épistémologiques ? Nous évoquerons également le rôle du design des interfaces, entendu comme l’orchestration formelle et fonctionnelle des interactions entre l’humain et ses machines, dans la construction des perceptions et des usages de ces nouvelles architectures technologiques. Enfin, nous jetterons un regard rapide sur les éventuelles nouvelles conditions de l’œuvre d’art à l’heure de sa “générativité” numérique.
Jean-Christophe Carius est ingénieur de recherche au sein du Service numérique de la recherche du Département des études et de la recherche de l’INHA (Institut national de l’histoire de l’art). Spécialiste du design thinking et du développement web, il pilote le projet PENSE (Plateforme d’édition numérique de sources enrichies) en collaboration étroite avec les équipes de recherche et de conservation patrimoniales.
Paola Derudas et Federico Nurra: Les machines voient-elles mieux que nous ?
L’interprétation de vastes ensembles de données archéologiques représente un défi pour l’œil humain, en particulier lorsqu’elles sont structurées selon des formats tels que JSON ou XML. Si ces formats facilitent l’échange entre machines, ils restent très difficiles à appréhender pour les chercheuses et les chercheurs. Depuis 2021, le DarkLab de l’université de Lund (Suède) et le Service numérique de la recherche de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA, France) collaborent au développement d’outils numériques innovants en archéologie. Ensemble, ils ont conçu AIR (Archaeological Interactive Report), un système optimisant la gestion et la publication en ligne de rapports de fouilles et de collections d’artefacts, en s’appuyant sur une base de données structurées. Cette intervention présentera une expérimentation réalisée avec deux grands modèles de langage (GPT-4o d’OpenAI et Large de Mistral AI) pour l’analyse de données archéologiques complexes. Nous explorerons les résultats obtenus, les défis liés à l’intégration des standards et ontologies dans les descriptions et récits archéologiques, ainsi que le rôle des grands modèles de langage dans l’amélioration de l’interprétation des données. Nous examinerons ainsi les enjeux éthiques et sociaux soulevés par ces technologies, en interrogeant leur potentiel et leurs implications pour la recherche et le numérique.
Paola Derudas est chercheuse à l’université de Lund (Suède) et titulaire d’un doctorat en archéologie portant sur l’application des technologies numériques dans la pratique archéologique. Elle a participé à des projets de recherche internationaux en archéologie terrestre et maritime et a acquis de l’expérience dans la conception et le développement de systèmes d’information web pour la documentation, la gestion et la publication de données archéologiques. Ses recherches se concentrent sur l’utilisation de la visualisation 3D sur le web et des technologies sémantiques afin d’améliorer la pratique de l’archéologie. En intégrant ces outils, elle vise à créer une nouvelle compréhension et une utilisation complète des données archéologiques, dans le respect des principes FAIR et de la science ouverte.
Federico Nurra est chef du Service numérique de la recherche de l’Institut national d’histoire de l’art où il a été, depuis 2018, chargée de ressources documentaires et numériques. Titulaire d’un doctorat en architecture et aménagement, il a travaillé à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) en tant que chargé de la médiation scientifique du projet NEARCH et du développement du projet ARIADNE. Il a été ainsi chercheur associé à l’Université de Sassari. Ses principaux sujets de recherche concernent le développement numérique et la gestion de bases de données appliquées à la protection et à la valorisation du patrimoine culturel. Il est auteur ou coauteur de plusieurs publications liées à ses sujets de recherche.