Appel à communications pour la journée scientifique du 23 octobre 2023.
Matières, teintures et pigments rouges : Extraction, applications et circulation de la Préhistoire à l’époque contemporaine
La journée se déroulera à la Maison des Sciences de l’Homme Mondes, 21 allée de l’Université Nanterre, salle du conseil 410 F.
Elle est organisée dans le cadre du projet collectif d’Arscan RED
Modalités d’envoi des propositions
Le présent appel est ouvert à toute personne pratiquant la recherche sur un des axes concernés, quel que soit son statut (doctorant, émérite, en poste, rattaché à l’UMR 7041 ou à un autre organisme).
Vous pouvez nous envoyer votre proposition de communication avant le 29 mai 2023 à l’adresse suivante : projetred@proton.me
Un résumé des communications sera diffusé dans le carnet hypothèses du groupe RED, programme collectif de recherches de l’UMR 7041 ArScAn.
Pour plus d’information sur le projet collectif d’Arscan RED :
https://arscanpc.hypotheses.org/699
On estime l’apparition de l’Homo Sapiens, notre espèce, au Middle Stone Age. Or, dès cette époque, on retrouve dans les sites archéologiques des vestiges d’une exploitation de la couleur rouge avec des blocs d’hématite gravés, des dessins au crayon d’hématite ou encore des coquillages ocrés (Cf. notamment la grotte de Blombos en Afrique du Sud).
Au fil des âges, les sociétés n’ont eu de cesse de transformer la couleur de leur environnement en y introduisant du rouge par divers procédés techniques. Certaines chaînes opératoires de production se sont conservées sur plusieurs millénaires tandis que d’autres sont plus spécifiques à une aire chrono-culturelle.
L’objectif de cet appel à communication est d’explorer les différentes techniques déployées par les sociétés humaines pour colorer en rouge leur environnement. Pour ce faire, cette journée scientifique s’articulera selon trois axes.
Premier axe : les chemins de la couleur rouge
Comment les matières, teintures et pigments rouges ont-ils circulé de leur lieu d’extraction à leur lieu d’abandon ?
Si déterminer le lieu d’abandon est relativement aisé pour l’archéologue, retracer le périple de la source du rouge s’avère complexe et nécessite une approche transdisciplinaire ouverte sur la géologie, l’analyse des textes économiques anciens, les enquêtes ethnographiques sur les habitudes « traditionnelles » ou encore l’analyse physico-chimique de la matière (spectrophotométrie gonio, spectrométrie Raman, fluorescence X…).
Entre extraction, déplacements vers un lieu de transformation et échanges des producteurs aux utilisateurs, le parcours des matières servant à colorer en rouge est à dimensions variables, de quelques mètres seulement à plusieurs milliers de kilomètres.
Cet axe permettra d’ouvrir une réflexion sur les possibles interprétations issues de l’étude d’un trajet de la couleur rouge (relation avec la nature, connaissance des territoires, importance des échanges interculturels etc.).
Deuxième axe : les savoir-faire de la coloration en rouge
Par quels gestes techniques transformer la matière première en un produit rouge ? Chauffe, gravure, peinture, engobe, dessin, libations répétées de liquides rougeâtres… la variété des techniques opérées est colossale.
De même, les supports d’application du rouge sont divers : parois, peaux, textiles en fibres végétales ou laine, ivoire, bois, terre cuite, verre, émail… Polissage et apprêts, mordançage, usage de liants, taille, enchâssement et sertissage, sont quelques exemples de savoir-faire permettant la fixation de la couleur sur l’œuvre.
La reconstitution de ces divers gestes souligne la complexité de la chaîne opératoire de fabrication de la couleur et les nombreuses innovations techniques des sociétés passées.
Cet axe pourra ouvrir sur la maîtrise de ces savoir-faire dans d’autres domaines de réalisation (transposition des savoirs).
Troisième axe : les choix techniques valorisant la couleur rouge
Comment la couleur rouge est-elle mise en valeur dans les œuvres ?
L’étude des œuvres colorées dans leur contexte d’utilisation montre de nombreuses techniques scénographiques, soulignant l’importance symbolique de cette gamme chromatique.
Jeu des éléments rouges avec la morphologie du support, cumul de diverses productions rouges dans un même espace, exacerbation de la vivacité du rouge par la juxtaposition de teintes complémentaires ou contrastes de saturation, choix du placement de l’œuvre, ajout de brillance au rouge pour le rendre plus visible, sont quelques exemples de stratégies pour mettre en avant la coloration rouge.
Ces nombreuses techniques orientant l’attention sur la gamme rouge sont souvent peu exposées dans les études archéologiques de la couleur alors qu’elles ont un fort impact artistique.
Ce troisième axe peut mener à des réflexions sur la difficulté pour les musées et les chercheurs à restituer au public (lecteurs, visiteurs…) les sensations procurées ab initio par les œuvres colorées en rouge mises en scène dans un cadre plus large.
Circulation de la matière première, gestes de transformation et techniques de mise en valeur de la couleur rouge sont des pistes permettant d’expliquer la pérennité ou le renouvellement de certaines techniques de production de la couleur rouge.